Amsterdam

Les années 2010 ont été pour les Pays-Bas la décennie de la résurrection. Car si avant les années 2000, les Pays-Bas s’en sont toujours sorti tout en clamant que leur langue pas très mélodieuse était un handicap, le pays a sombré dès que l’on a rendu possible de chanter en Anglais.

Avant les années 2010, les Pays-Bas connaissent en effet une bérézina sans précédent. Les Pays-Bas détiennent d’ailleurs et haut la main le record de non-qualifications d’affilée : 8 de 2005 à 2012. Dans ce contexte, il fallait réagir mais cela a pris… un petit peu de temps !

Après cinq échecs d’affilée, en effet, le diffuseur TROS qui réfléchissait à un retrait des Pays-Bas de l’Eurovision décida de demander au compositeur de 75 ans Pierre Kartner, connu pour être l’auteur de la chanson des Schtroumpfs et de la contribution néerlandaise de 1973, de composer une chanson. Et cette chanson, ce fut « Ik ben verliefd (Sha-la-lie) »… Son unique avantage, c’est que ce fut la première chanson a être chantée en néerlandais depuis 1998 (et la seule d’ailleurs !). Mais ce numéro de fête foraine n’a pas emballé grand monde. Pourtant, cinq personnes ont été sélectionnées pour tenter de chanter cette chanson à Oslo… Un jury international fut chargé de les départager, ce qui mena à un psychodrame resté célèbre : Sieneke et Loekz se retrouvèrent ex-aequo. On a donc demandé à Pierre Kartner de choisir entre les deux, et après une demi-heure de discussions, c’est finalement Sieneke qui fut envoyée à l’abattoir.

Bien entendu, Sieneke fit un four, et l’on imagina une approche plus compétitive du concours. Le groupe très populaire 3Js fut choisi en interne et proposa au public de choisir entre 5 chansons toutes plus ennuyeuses les unes que les autres. C’est « Je vecht nooit alleen » qui fut choisie devant « De stroom ».


« Je vecht nooit alleen » devint « Never alone », mais ce fut une dernière place en demie qui attendait les Pays-Bas. On résolut alors de s’en remettre au maître de la télé-réalité John De Mol, très critique vis-à-vis de la gestion de l’Eurovision par TROS. Le patron d’Endemol organisa donc un show moderne où s’affrontaient six espoirs de la musique. Joan Franka, déguisée en indienne, l’emporte avec « You and me », devant Pearl Jozefzoon.

Endemol n’a pas fait mieux que TROS : Joan Franka ne s’est pas qualifiée non plus… Et puis le miracle ! La chanteuse Anouk, immense star nationale et connue à l’étranger pour « Nobody’s wife », contacte elle-même la télévision néerlandaise pour représenter son pays à l’Eurovision avec une chanson qu’elle estime pouvoir remporter le concours. Malgré des interrogations sur le fait que le chanson ait pu être révélée avant la date autorisée, l’UER valide la candidature d’Anouk qui ramène enfin les Pays-Bas en finale, et dans le top 10 !

Dès lors, les Pays-Bas se sont tenus aux sélections internes, presque toujours avec succès, faisant du pire pays au concours, un pays de premier plan en deux ans ! En 2014, les Common Linnets terminent 2ème et réalisent le succès commercial de l’année avec « Calm after the storm ». Artistes confirmés comme Trintje, ou jeunes inconnus comme Duncan Laurence, artistes pop comme O’G3NE, ou folk comme Douwe Bob, tous les genres se succèdent avec le souci de proposer un produit de qualité. Cela fonctionne : après l’échec de Trijntje en demi-finale, les 11ème places de Douwe Bob et d’O’G3NE, et la 18ème de Waylon, en 2019, Duncan Laurence accomplit ce que tout le monde attendait. Il ramène le micro de cristal à Amsterdam, après 44 ans d’attente.

Le top : la victoire de Duncan Laurence en 2019.

Le flop : la dernière place en demie de 3Js en 2011.