Dix ans de Grèce, c’est dix ans à se demander si elle sera de retour l’année suivante. Les problèmes économiques du pays ont malheureusement traversé la décennie à l’Eurovision…
Avant 2010, la Grèce a connu sa décennie faste avec une victoire en 2005 et 3 3ème places ! En 2001 avec Antique, en 2004 avec Sakis et en 2008 avec Kalomira. La télévision grecque ERT savait arriver chaque année avec la bonne formule et les plus grandes stars.
Et puis en 2010, avec la crise de l’Euro, ERT a coupé le robinet à cash, et les stars ont déserté le plateau… Une sélection nationale est donc organisée. La favorite des fans, la belgo-grecque Katerine Avgoutakis est en plus disqualifiée car sa chanson « Enjoy the day » est sortie trop tôt sur internet, tout comme une autre concurrente, une certaine Eleftheria Eleftheriou… C’est donc Giorgios Alkaios qui l’emporte avec sa chanson festive « OPA » devant Manos Pyrovolakis.
« OPA » est un succès, 8ème à Oslo, mais faute d’argent, c’est une sélection low-cost qui est organisée en 2011, avec de jeunes artistes enregistrés dans un studio sans public. La favorite des fans est Nikki Ponte avec sa chanson suédoise « Dance alone », mais c’est Loukas Giorkas qui s’impose devant Trimitonio. C’est encore un succès : Loukas termine 7ème à Düsseldorf.
Et vint en 2012 la sélection emblématique de la Grèce dont tout le monde se souvient : le playback en direct du centre commercial Athens River West. Eleftheria Eleftheriou prend sa revanche après sa disqualification de 2010. On ne possède pas le détail des votes de cette année-là, alors pour se souvenir du centre commercial, la principale concurrente d’Eleftheria : Dora.
Elefteria se qualifie, bien entendu, mais ne termine que 17ème, alors que la Grèce n’était plus sortie du top 10 depuis 2003 ! En 2013, la télévision grecque a donc une nouvelle idée : elle délègue l’organisation de la sélection à une chaîne privée, MAD TV, qui s’associe à la maison de disque Panik Records. 4 artistes sont choisis : Koza Mostra l’emporte devant Alex Leon et Giorgina.
Koza Mostra signe un succès avec une belle 6ème place, mais coup de théâtre : en août 2013, la télévision grecque annonce la fermeture du diffuseur ERT du jour au lendemain, laissant planer le doute sur une participation à l’Eurovision de la Grèce. Finalement, la chaîne nationale de transition, DT, organise la même sélection que l’an passé avec 4 nouveaux artistes. Freaky Fortune l’emporte devant Kostas Martakis.
Et Freaky Fortune a bel et bien pu aller à l’Eurovision, grâce à l’UER qui a immédiatement adopté en son sein le nouveau diffuseur national grec : NERIT. Mais le résultat n’est pas au rendez-vous : Freaky Fortune est 20ème, pire résultat depuis 1998. La chaîne NERIT reconduit la sélection de MAD TV et Panik Records en 2015 avec cette fois-ci 5 artistes. Maria Elena Kyriakou, première gagnante de The Voice Grèce, l’emporte devant Thomai Apergi qui venait pourtant prendre sa revanche après son échec deux ans avant… Maria Elena termine 19ème, à peine mieux que l’année précédente…
Avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement, tout change. NERIT est dissout, pour redevenir ERT. Et la sélection nationale est abandonnée au profit d’une sélection en interne. C’est une chanson à message sur les migrants et la tolérance qui est choisie, « Utopian land » par Argo, menant à la première non-qualification de l’histoire de la Grèce à l’Eurovision… Changement de stratégie en 2017, alors, avec l’association de la chanteuse populaire Demy alliée à l’auteur de multiples tubes de l’Eurovision Dimitris Kontopoulos, qui venait de terminer 3ème avec la Russie. Trois vidéoclips sont soumis au vote d’un jury de grecs expatriés en Europe, et du public. « This is love » l’emporte largement devant « When the morning comes around ».
Demy n’a pas fait d’étincelles à Kiev. C’est encore une 19ème place. Pour 2018, il est alors prévu une bonne vieille finale nationale. 20 chansons sont sélectionnées, puis 5 finalistes. Puis, par suite de curiosités hellènes et de mésententes avec les maisons de disque, ERT a purement et simplement disqualifié 4 des 5 finalistes rendant inutile une finale nationale et sélectionnant directement Yianna Terzi avec « Oneiro mou », qui échoue en demi-finale quand la petite sœur chypriote termine sur le podium.
Après le camouflet de la sélection 2018, ERT prend la sélection de choisir en interne la québeco-grecque Katerine Duska pour représenter la Grèce à Tel-Aviv. Sans succès non plus… Katerine termine 21ème en finale.
La Grèce est, avec ses contreperformances de ces dernières années, seulement 23ème de la décennie, avec 685 points.
Le top : Koza Mostra en 2013, 6ème.
Le flop : Argo, 16ème en demie en 2016.
Retrouver la Grèce seulement 23eme de la décennie alors qu’elle était une place forte de la décennie précédente montre à quel point le pays est en perte de vitesse au concours.
Je sais que le playback est très en vogue dans les émissions grecques mais faire une sélection en montrant des clips ou des artistes en playback me semble être un contresens énorme.
Tant que les grecs se focaliseront plus sur la plastique des artistes que sur leurs qualités vocales , le pays ne sortira pas de l’ornière.
OPA ! reste une de mes chansons préférées. Festif et plein de testostérone…
Ah Giorgios Alkaios… Ah ses danseurs…
OPA !
– En règle générale, pour la Grèce, soit j’aime passionnément, soit je déteste catégoriquement !
– Mon FLOP 3 de la décennie est le suivant : 2016, 2017 et 2019 . Cette année ( avec 2017 ) furent vraiment pour moi les pires catastrophes grecques !
– Par contre mon TOP 3 a été très difficile à établir car j’aimais toutes les autres : néanmoins, le voici :
1) KOZA MOSTRA : vraiment, j’ai adoré cette chanson déjantée sortant de l’ordinaire !
2) LOUKAS YORKAS : moi qui n’aime pas le rap, j’ai trouvé cette chanson sublime avec ce rap lent et élégant associé à ce chanteur avec une voix extraordinaire.
3) YANNA TERZI : une vraie splendeur dans la conception de la chanson, typiquement grecque . Quel dommage cette mise en scène incompréhensible mais qui n’explique pas à elle seule cette élimination.
Si un mot devait résumer la Grèce à l’Eurovision, c’est: sympa. Sauf que sa recette du succès sur la période 2000-2009 (chansons pop, jeunes chanteurs et chanteuses BG, fraîcheur, soleil, scénos rodées) ne marche plus, et qu’en dépit d’une tentative de diversification de ses titres, elle n’a plus de ligne directrice eurovisionesque.
Sur la décennie, je suis partagé. J’ai aimé plusieurs propositions : le titre de 2010 est très typique et énergique, le duo de 2011 et le mix rap-ténor fonctionnait plutôt bien (et Loukas Giorgas était appréciable à regarder), Rise Up était dynamique et actuel (et son classement un peu sévère), Oniro moi était une belle balade ethnique qui aurait pu être mieux incarnée en termes de sceno (mais ça aurait mérité une qualif) et Better Love a carrément été un coup de cœur tant à la première écoute qu’en live, je suis furieux de cette 20ème place que je trouve inacceptable. Pour 2012, j’apprécie le titre solaire, frais, estival, entêtant avec des sonorités grecques, mais vocalement le live, no comment (et merci les jurys d’avoir contrebalancé le gros score au télévote).
Inversement, j’aurais sorti le pays en 2013 (titre paillard désagréable et bordélique à la 6eme place bien survendue), 2016 (ça partait en cojones complet) et 2017 (du boom-boom sans âme et pas particulièrement ouf qui aurait marché dix ans avant). Sans doute 2015 aussi: une jolie balade bien portée, mais très passe-partout et banale.
Après, effectivement, exception faite de cette année, on sent à dix kilomètres le manque de thunes de la part du diffuseur, ainsi que la différence d’investissement avec la concurrence. Et la Grèce en a pâti.
Encore une fois, je suis totalement en accord avec chacun de tes mots ! (Loukas y compris, arfff !)