Ce samedi, aura lieu la sélection arménienne pour l’Eurovision 2020, le Depi Evratesil. L’ARMTV a à cœur d’effacer ses deux éliminations consécutives en demi-finale. Sera-ce le cas ? Passons en revue les chansons en lice pour représenter l’Arménie à Rotterdam et confrontons nos opinions à leur sujet.

LOREEN

Débutons, comme à notre habitude, par les Loreen, qui reflètent mon avis personnel. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.

Loreen a été surprise par cette sélection inhabituelle pour l’Arménie. La délégation semble avoir privilégié des morceaux aux sonorités plus internationales que proprement arméniennes. L’on sent une volonté de se démarquer des propositions antérieures. Espérons que le résultat final sera à la hauteur des attentes ici placées.

ChansonsCommentaires Loreen
Agop – ButterfliesLes papillons et l’Eurovision, une grande histoire d’amour… qui se poursuit grâce à Agop et son morceau, joli produit pop contemporain, léger et agréable. La composition va crescendo et explore des pistes musicales intéressantes. De quoi être diffusé sur la plupart des radios actuelles. Seul bémol : un refrain schématique et répétitif, qui devient lassant au bout de deux minutes. Au final, une bonne proposition pour cette finale, mais un peu faible pour la rude compétition de l’Eurovision.
Arthur Aleq – HeavenDes périls du refrain… Heaven débute agréablement, sur une légère touche orientale. L’on est charmé, également par la voix d’Arthur. Puis après 50 secondes réussies, arrive le refrain… et la déception. L’on retombe dans une platitude et une banalité de mauvaise aloi. L’on enchaîne avec un surplace sans surprise. Heaven s’achève dans une certaine indifférence. Bref, rien de mauvais dans ses trois minutes, juste un bon potentiel gâché par un manque d’imagination.
Athena Manoukian – Chains On YouVoilà un style musical assez inédit pour une sélection arménienne. Du coup, Athena se démarque à première écoute. Un point en son avantage. COY est un morceau on ne peut plus contemporain. Du hip-hop à l’américaine, qui reflète les tendances musicales du moment. Les amateurs adoreront. Les autres détesteront. À nouveau, le refrain est répétitif. Mais il y a là du potentiel, surtout en matière de mise en scène. Un choix audacieux, qui pourrait s’avérer payant. Certes, cela fera fuir les retraités finlandais et les poétesses albanaises. Dieu merci, ils ne sont pas les seuls à voter.
Erna Tamazyan – Life FacesLa malédiction du refrain, le retour. Les 50 premières secondes de LF sont très réussies et laissent présager un morceau sophistiqué et onirique. Puis arrive notre ami le refrain et l’on retombe sur une chanson assez banale, très légère, agréable, mais inoffensive. Erna tente de se rattraper avec quelques vocalises finales. Hélas, ce fichu refrain tire sans cesse LF vers le bas. Résultat : cette proposition manque de force, d’émotion et de surprise. Elle ne dépareille pas ce DE 2020, mais ses chances de réussite à l’Eurovision sont très minces.
Eva Rida – No LoveOuille ! Voilà trois longues minutes bien casse-tympans. Ici aussi, le refrain est répétitif jusqu’à la scie. Mais il choit au milieu d’un amalgame musical sans queue ni tête, crispant, voire rebutant. L’ensemble donne l’impression d’avoir été arrangé par un apprenti producteur sur le Playskool de son enfance. Eva, quant à elle, martèle le tout sans grande émotion. L’on éprouve un certain soulagement auditif, une fois le silence revenu. Ce qui est un comble en la matière. À tenir éloigné de l’Eurovision.
Gabriel Jeeg – It’s Your TurnQuel étrange petit morceau ! Musicalement, il part littéralement dans tous les sens. Chaque seconde voit sa composition bifurquer. Au bout d’une minute, l’on tient sur une piste : IYT une chanson de strip-tease ! Du moins un hommage aux chansons de strip-tease. Sauf que non ! L’on part brusquement en direction d’une sous-samba. Au milieu cette série de tête-à-queue non contrôlés, Gabriel s’illustre en surjouant chaque note. Le produit final évoque les éliminés des terribles demi-finales eurovisionesques du milieu des années 2000. À éviter.
Music Hayk – What It Is To Be In LoveContrariété universelle : l’on voudrait bien que WIITBIL change brusquement de direction musicale… Eh bien, point du tout ! Ce morceau reste bien fixe dans son sillon… et c’est regrettable. L’on hérite d’une ballade au piano taillée dans de l’ennui pur. Au bout d’une minute trente, l’on supplie le ciel d’abréger ce supplice. Rien n’y fera : il faut supporter jusqu’au bout les minauderies de Music Hayk. Ce charmant garçon aime trop Elton John, hélas. Le produit fini s’écouterait encore à moitié en arrière-fond musical d’un piano-bar, au terme d’une longue soirée arrosée. Pour une finale eurovisionesque, ce sera juste non.
Karina Evn – Why?Au bout d’une minute de composition tapée à l’enclume et d’ânonnements de Karina (Why-y-y-y-y-y), l’on songe à la fameuse citation de Patsy Stone : « Dull soulless dance music« . Why? se résume à cela : trois minutes de dance music ennuyeuses et sans âme. Le tout a été mixé par un boucher-charcutier du son. L’on devine l’intention de Karina : rendre hommage aux riches heures des années 90. Sauf qu’ici, il s’agit plus d’un affront à cette décennie défunte. Le tout est en mode automatique et souffre d’un terrible effet de répétition. Une proposition à sèchement éliminer.
Miriam Baghdassarian – Run AwayVoilà un morceau clairement conçu pour l’incroyable tessiture de Miriam. Il a été écrit et composé dans cette optique : lui permettre de s’époumoner jusqu’au contre-ut. Objectif atteint, Miriam atteint des sommets vocaux impressionnants. Là, les poétesses albanaises devraient être conquises. Gageons que dans les conditions du direct, cela sera plus remarquable encore. Quant au reste, RA est une honnête ballade, sans originalité, mais pas faisandée pour autant. Une proposition au classicisme certifié. Soulignons tout de même que ses paroles sont simplistes. Au final, un choix possible, mais sans doute pas le meilleur.
Sergey et Nickolay Arutyunov – Ha, Take A StepRarement, l’on aura entendu autant de « ha » dans une chanson. Rarement, deux interprètes auront autant poussé et surjoué les « ha ». Rarement un morceau aura sonné aussi creux. L’ensemble est complètement à côté de la plaque musicale. Mais à force de le réécouter (subtil plaisir masochiste réservé aux connaisseurs), l’on finit par en rire. Ce qui n’est guère mieux… Sergey et Nickolay hurlent plus encore que toutes les candidates albanaises de la dernière décennie réunies. Décourageant au possible… Comme ils ont écrit et composé eux-mêmes leur chanson, l’on en déduit qu’ils n’ont pas regardé l’Eurovision ces dernières années. À éviter à tout prix pour Rotterdam.
Tokionine – Save MeHeureusement que Tokionine est là pour remonter le niveau général d’amusement ! SM manque d’émotion et de subtilité, mais dieu qu’il est irrésistible ! Le concept est simple : trois minutes pour danser jusqu’à en perdre haleine, en oubliant tout, à commencer par ce DE 2020. SM est calibré pour les clubs in d’Erevan et pour les amateurs de dancefloor enflammé. Les poétesses albanaises feront un arrêt cardiaque. Les autres sauteront de joie sur leur canapé. L’ensemble possède un fort potentiel télévisuel et eurovisionesque. Un très bon choix pour Rotterdam.
Vladimir Arzumanyan – What’s Going On MamaVladimir use et abuse du vocodeur dans un morceau qui, lui aussi, débute bien, avant de tomber dans une boucle temporelle restreinte et fatalement, tourner en rond. Sa conclusion est appréciable et sauve les meubles. Vladimir joue de sa voix de velours et retient l’attention. Si l’on prend du recul, force est de constater l’étroitesse de WGOM. Néanmoins, ces trois minutes mêlant dance et groove restent agréables et ne rebutent en rien l’oreille. Une proposition correcte, manquant de punch pour s’imposer face à la concurrence.

Cinq morceaux sur douze sont à jeter aux oubliettes de l’Eurovision, ce qui n’est guère fameux sur le plan statistique et ne contribuera pas à la gloire de ce Depi Evratesil 2020. Mais enfin, ce ne peut être Sanremo tous les soirs…

Sur les sept morceaux restants, deux propositions m’ont plus directement sauté aux oreilles et retenu mon attention : Athena Manoukian, qui au vu de sa popularité, part avec une longueur d’avance, et Tokionine, dont la chanson est une machine à danser.

En ce qui me concerne, mon cœur penche plus du côté de Tokionine. Ce sera donc mon choix arménien personnel ! Sur ce, je vous laisse et m’en vais secouer mes vieux os sur Save Me.

SONDAGE

À votre tour à présent de vous exprimer ! Donnez-nous votre avis.

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Sur ce, rendez-vous samedi pour la grande finale !

Crédits photographiques – ARMTV