Borgo_maggioreAuriez-vous cru que j’allais vous oublier, durant mes vacances saint-marinaises ? Que nenni ! Même perdue pour deux semaines dans les ruelles de la plus petite et de la plus ancienne république du monde, je pense à vous, mes amis, mes soutiens, mes admirateurs. Je vous écris donc une petite carte depuis Saint-Marin, le pays de la caciatello, du bustrengo et de Valentina Monetta, dernier bastion de la dignité et de l’intégrité dans un continent ravagé par la corruption et la concussion.

Statuia_libertatii_din_San_MarinoMarcel et moi y séjournons depuis une semaine à présent et nous avons été frappés d’à quel point les Saint-Marinais sont fiers d’avoir voté pour la France, en mai dernier. Partout où nous nous sommes rendus, nous avons été accueillis comme des héros de la patrie. Partout, nos fidèles alliés ont déroulé le tapis rouge sous nos pieds et ont déployé pour nous les fastes de leur glorieux et généreux pays. Nous nous y sentons chez nous, au point que nous envisageons sérieusement d’y acheter une résidence secondaire, afin d’y passer nos hivers.

Avant-hier, nous avons été reçus en grandes pompes au Conseil Général (l’équivalent de notre Assemblée Nationale). Les capitaines-régents (les présidents de la république locaux) nous ont remis un exemplaire dédicacé de la Constitution saint-marinaise, la seule véritable démocratique d’Europe. Nous avons ensuite été conviés à un dîner officiel, en compagnie de tout le gratin de la République. C’était magique, féérique. Et tout cela parce que nous étions Français. À la fin du repas, je me suis levée pour entonner La Marseillaise. J’ai été suivie par tous les convives. C’était beau, j’en ai pleuré… Enfin, un pays qui aime la France et qui l’honore…

Bien entendu, Valentina Monetta, Michele Perniola, Anita Simoncini, Nicola Della Valle et Monica Fabbri étaient au nombre des convives. J’ai pu discuter quelques instants avec John Kennedy O’Connor qui a obtenu la nationalité d’honneur et réside désormais là à titre définitif. Il m’a confié, sous le sceau du secret, qu’il était en train de rédiger un nouvel ouvrage de référence sur le Concours, dans lequel il dénoncerait toutes les magouilles et toutes les tricheries couvertes par l’UER et sa clique. Au péril de sa vie, il a pu consulter des archives non divulguées, tenues au secret à Genève, au siège de l’UER. Il y a découvert des preuves accablantes et je puis déjà vous en révéler un tenant : oui, la France a bien remporté le Concours en 1991 ! Mais la Suède avait corrompu le jury luxembourgeois… Une honte, un dégoût, oui !

Piazza_della_Liberta_din_San_Marino1Là-dessus, nos hôtes ont manifesté envers moi la plus délicate des attentions : ils m’ont placé à table entre Maria Ercolani et Matteo Venturini, qui ont respectivement placé la France en 5e et 8e place de leur classement, nous permettant d’obtenir un point et faisant ainsi preuve d’un esprit libre, un esprit de résistance. Je les ai embrassés et serrés sur mon cœur. Ils m’ont réitéré leur admiration entière pour Lisa Angell, sa chanson et sa sublime prestation, qui les a bouleversés. Vous connaissez ma générosité : je les ai invités tous les deux à séjourner chez moi, au Vésinet, dès que l’occasion s’en présentera. Il ne faudrait pas que notre défaite et notre amertume dissimulent au monde nos véritables valeurs : la générosité, l’ouverture d’esprit et la noblesse d’âme.

Je n’ai qu’un seul regret jusqu’ici : Ralph Siegel demeure introuvable. Le cher homme se cache, hélas, mille fois hélas. Valentina Monetta nous a avoué qu’il préférait vivre retiré, loin des bruits et des fureurs de notre siècle. Il passe ses journées au calme dans sa somptueuse villa, à composer des chansons sur son piano d’or et d’ivoire. Selon Valentina, il serait déjà en train de concevoir le prochain morceau qui représentera la Sérénissime République à Stockholm, en 2016. Je pressens déjà qu’il s’agira d’une pièce magistrale de musique, digne de Mozart ou de Beethoven, ses compatriotes. Néanmoins, une certaine nostalgie m’envahit à la pensée de ce grand homme. Afin de la chasser, je vous propose une petite rétrospective : quarante-et-une années de Ralph Siegel à l’Eurovision, en vingt-trois participations. Rendez-vous compte : il vient cette année de battre le record du chef d’orchestre finlandais, Ossi Runne, qui a participé à vingt-deux reprises au Concours. Désormais, entre lui et l’Histoire ne se dresse plus qu’un seul homme : Noel Kelehan, qui a participé vingt-cinq fois à l’Eurovision. Allez, Monsieur Siegel, ce sera pour 2017 !























Là-dessus, je vous embrasse fort et vous souhaite, où que vous soyez, d’excellentes vacances. Nous reprendrons le fil habituel de notre chronique, dès mon retour !

Bien à vous,

Francine MICHU

San-Marino-Gondola-1283