Euroquotidienneurs ! Le 18 août dernier, notre indispensable Pauly nous annonçait une bonne nouvelle : la concrétisation du concours Eurovision Asie par le lancement du site officiel EurovisionAsia.tv et ses réseaux sociaux. Dès aujourd’hui, nous aurons le plaisir de vivre ensemble, de différentes façons, ce nouveau rendez-vous. Espérons qu’il soit à la hauteur de notre bon vieux concours. Vos quarante-sept derniers commentaires à son propos montrent déjà votre intérêt. Une nouvelle page de l’Eurovision s’écrit pour les fans européens : la découverte d’artistes méconnus, des langues étrangères à nos oreilles et de nouvelles nations qu’on aura du mal à situer sur une carte. Nous ne savons pas encore de quoi sera faite cette nouvelle compétition, mais nous le saurons bien assez tôt. Je vous souhaite donc deux fois plus de déceptions, de satisfactions et d’émotions ! Et puisqu’à Hanoï, on dit que les petites graines font les grandes rizières, c’est tout naturellement que la suite de cet article sera consacrée au Festival ABU de la chanson… petite graine de l’Eurovision Asie !

logo général du Festival ABU de la chanson

DES PETITS CONCOURS DE CHANSONS NAISSENT LES GRANDES COMPÉTITIONS…

Le Festival ABU de la chanson est présent à la télévision depuis 2012. En 2008, tout commence. L’Union Européenne de Radiodiffusion propose la création d’un nouveau concours de chansons à l’Union de Radiodiffusion Asie-Pacifique (Asia-Pacific Brocasting Union). Quelques mois auparavant, elle avait songé au Festival de la chanson ASEAN en Thaïlande et coproduit le Festival de la chanson mondiale Golden Kite. L’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est avait aussi organisé plusieurs concours alternatifs depuis presque 30 ans comme le Concours de la musique populaire. Ce nouveau format asiatique de l’Eurovision est rapidement cédé à une société privée singapourienne, l’Asiavision Pte Ltd. Le terme « Asiavision » étant déjà utilisé par l’ABU pour son département d’Information, le Concours Asiavision est renommé « Notre Son : concours Asie-Pacifique de la chanson ».

En 2009, la compétition est en difficulté suite à des désaccords entre l’UER et les organisateurs. Repoussée d’un an, d’abord à Macao puis à Bombaï, elle est annulée à l’automne 2010. Un an plus tard, la déclinaison radio est diffusée sur plusieurs stations régionales dont Radio Bintang ASEAN. Après la disparition de Our sound, l’ABU émet le souhait d’organiser en 2012 à Séoul ses propres festivals à la fois radiophoniques et télévisés, basés sur le modèle de l’Eurovision. Le chef de projet, Kenny Kihyung Bae, se déplacera jusqu’à Bakou pour s’imprégner de notre version européenne. Le nom de Concours Asiavision de la chanson est à nouveau proposé mais se sont finalement les Festivals ABU Radio et Télévision qui seront définitivement adoptés quelques mois plus tard.

photo de groupe sur la scène du festival tv abu de la chanson en 2012

Festival TV ABU de la chanson 2012 à Séoul

DEUX FORMATS MÉDIATIQUES, UNE SEULE FÊTE DE LA MUSIQUE…

La version radiophonique offre une véritable compétition comme nous la connaissons. Seuls les états membres de l’Union de Radiodiffusion Asie-Pacifique ou de l’Union de Radiodiffusion des Etats Arabes sont autorisés à s’y produire pendant leur assemblée générale. Chaque radiodiffuseur national choisi son propre candidat qui interprète à l’antenne sa chanson. Ces prestations sont soumises à un jury professionnel constitué de représentants de l’ABU afin de désigner les finalistes. Un nouveau jury décerne ensuite différents prix aux meilleures performances lors de cette finale radio ou télédiffusée. Le Festival Radio ABU a été accueilli successivement par la Corée du Sud, le Sri Lanka, le Myanmar et la Chine. La dernière édition qui devait se tenir à Bangkok a été suspendue suite à la disparition du roi de Thaïlande.

La version télévisée, quant à elle, propose un gala sans enjeux dans la ville hôte de la réunion annuelle. La Corée du Sud a accueilli le premier festival TV ABU en 2012, le Vietnam en 2013, Macao en 2014, la Turquie en 2015 et l’Indonésie en 2016. La sixième édition doit avoir lieu le 1er novembre prochain à Chengdu en Chine lors de la 54ème assemblée générale. Depuis sa création, vingt-deux pays ont participé sur une soixantaine éligibles. Ces nations sont issues d’une large zone géographique, Orient-Asie-Pacifique. Chaque année entre dix et quinze interprètes, solistes ou groupes, se produisent devant un public parfois plus réservé que le nôtre. Les diffuseurs nationaux sélectionnent souvent des artistes populaires et très talentueux dans leur pays afin de capter un maximum de téléspectateurs. Comme une certaine Dami In qui a poussé la note en 2014. Résultat, une audience incroyable ! La première édition a réuni plus de deux milliards de téléspectateurs toutes diffusions cumulées. Soit vingt fois plus que l’Eurovision la même année ! Il faut dire que l’événemement est retransmis dans l’ensemble des états participants et tous les pays souhaitant le diffuser. L’idée de compétition « par la chanson » est encore plus intéressante ici : la compétitivité dans de nombreux domaines y est plus présente que chez nous. C’est une nouvelle fois, un moyen original d’unir les peuples là où les tensions sont beaucoup plus visibles qu’ailleurs. Le Festival ABU est une véritable célébration de la musique asiatique, professionneIle et d’un très bon niveau. Il associe à la fois modernité des artistes et authenticité des cultures d’Asie-Pacifique. La diversité de leurs langues et de leurs identités est également honorée de cette belle manière.

Et puisqu’une image vaut mille mots, je vous propose quelques prestations des éditions passées. Rêvons d’un « autre » Eurovision qui se prépare…

COREE DU SUD – TVXQ avec Catch me (Séoul 2012)

En 2012, les TVXQ (23 points au scrabble) transforme le KBS Concert Hall en Euroclub. Si vous n’aimez pas les groupes, les garçons, les groupes de garçons, les groupies hystériques, les chorégraphies à outrance et les jets de CO2 toutes les secondes, n’en dégoutez pas les autres. Ecoutez et habituez-vous à la K-POP power !

 

AUSTRALIE – DAMI IN avec Living dangerously (Macao 2014)

Soyons honnête, l’Eurovision a tout piqué au Festival ABU 2014 ! Sa scène pour Vienne 2015 et sa chanteuse pour Stockholm 2016. Deux ans avant son passage en Suède, la belle Australienne brillait déjà par son talent et sa tenue. Dieu bénisse ton ancienne coupe au carré, Dami !

 

MALDIVES – MOOSHAN MUBAARIK avec Rannamaari (Macao 2014)

Mooshan est un chanteur sans artifice et ça fait du bien. Comme Salvador, il est la preuve vivante que l’on peut captiver son public en toute simplicité. De même, de jouer de la guitare en direct sur une scène internationale sans que le ciel ne lui tombe sur la tête. Jon Ola, si tu nous lis !

 

INDONESIE – ZAHRA DAMARIVA avec Tak Kembali (Istanboul 2015)

Zahra est l’orchidée de Bali. Elle nous emporte par sa présence et sa voix envoûtante, dans un tourbillon de bons sentiments. Il ne manque plus qu’un prince charmant sorti de nulle part pour que le magie soit totale ! Appréciez…

 

KAZAKHSTAN – AYREE avec My Motherland (Bali 2016)

Enfin, pour ceux qui fantasment sur les débuts du Kazakhstan à l’Eurovision, Ayree est une chanteuse qui nous montre que le pays a toute sa place. C’est plutôt dansant et plaisant. Gardez bien ce passage kazakh dans un coin de votre tête : la réalité pourrait très vite nous ratttraper et nous pourrions le revivre sur nos écrans !

 

Maintenant, vous savez mieux ce que l’Eurovision Asie pourrait nous réserver grâce au Festival ABU de la chanson. Il vous suffit d’attendre encore un peu pour l’imaginer davantage. Je trouve qu’un grand vent de nouveautés souffle sur notre concours depuis 2016. D’autant plus que la version asiatique sortira bientôt des cartons. Je vous prédis un avis de tempête force 10 pour les mois à venir. Sortez vos cirés !