cliché de Drangsal - eurovision Allemagne 2019

A la suite du workshop, les désabusés et les comblés vont se faire connaitre. Pour rappel, une quinzaine de postulants a participé à l’atelier et onze noms ont déjà été révélés. Il n’en restera plus qu’une dizaine au camp musical. Le 20 juillet dernier, la collaboration Sakis-Pauly, nous présentaient les premiers détails de la sélection allemande. Drangsal était son premier candidat potentiel. L’artiste verra bel et bien Tel Aviv, mais depuis son salon ! Enfant terrible de la pop germanique, visage de premier communiant, à qui vous donneriez le bon dieu sans confession : l’âme déchue (et déçue) de cette sélection…

Son rêve mis en bière…

Plus tôt ce mois-ci, Drangsal a annoncé sur son compte Instagram qu’il n’était pas retenu pour l’Eurovision 2019. Il s’est dit triste de ne pas accéder aux étapes suivantes, malgré ses efforts et ceux fournis par sa remarquable équipe, le titre présenté Love Is Love et les nombreux appels fructueux sur les réseaux sociaux. La photo partagée sur son profil montre un carré noir avec une épitaphe inscrite en lettres blanches : RIP #DRANGSAL4ESC2019. Son message commence sur le ton de l’émotion par « Tout n’était qu’un rêve ».

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Drangsal ne mâche ses mots. Il a clairement fait savoir que le casting formé à Cologne, n’était pas le meilleur. Il a sévèrement critiqué les autres candidats, les considérant comme d’anciens promoteurs de télé-crochet : The Voice of Germany, pour l’essentiel. Il affirme que ces interprètes sont incompétents pour composer des chansons et ne méritent pas plus, de représenter leur pays.

« Bonne chance aux bénis oui-oui et aux quatrième places de radio-crochets, que personne ne prend au sérieux et qui ne sait même pas ce qu’est un accord. Pas d’importance, vous avez vos candidats-atelier, à travers lesquels, vous pouvez reconnaître [l’artiste] qui en a le moins dans la tête et ensuite lui adapter la bonne chanson. »

Mi ange, mi démon !

Pour ceux qui le connaissait mal : subversif, insolent, insoumis, dark tout court ! Un côté sombre pour se cacher autant que provoquer. Max Gruber est né à Kandel. Il a fêté ses 25 ans, en août dernier. Il est autodidacte, compositeur-interprète et multi-instrumentaliste. Sa musique est un mélange de new wave, de post-punk, de synthpop et de pop indépendante, qui rappele The Smiths et Depeche Mode. B-52, Tool et The Residents, l’inspirent. Ado, il est influencé par Marilyn Manson et se lie d’amitié avec le groupe Sizzar. Le garçon se fait remarquer publiquement : sa personnalité, son look, la fumette et ses tatouages. A 18 ans, Il déménage à Berlin avant de revenir en province.

Sa carrière lancée, il choisit Drangsal comme nom d’artiste, qui signifie tribulation (tourment) et qui est l’appellation des pompes funèbres de la ville de son enfance. En 2013, il publie ses premières démos sur les plateformes d’écoute. En 2015, il assure la première partie des groupes, Casper et Kraftklub. Un an plus tard, le clip sulfureux de Allan Align succite l’intérêt des médias : Il y incarne un prêtre embrassant une paroissienne et pratiquant l’autoflagellation. Une édition limitée de Will ich nur dich et quelques chansons est ensuite enregistrée sur vynile.

Drangsal sort son premier album Harieshaim, inspiré de Herxheim, sa ville natale et produit par Marcus Ganter. Love Me Or Leave Me Alone est sur la play-list, ainsi que Hinterkaifeck, dédiée au lieu du meurtre de ses aïeux en 1922. En 2016, Il écume les festivals allemands et part en tournée en Europe germanophone. Il reçoit le prix du « Meilleur espoir de la culture pop » et l’année suivante, celui de la « Critique nationale » pour son premier opus.

En 2017, il participe au spectacle musical Circus HalliGalli, habillé en nonne. Pendant l’été, il anime sa propre émission de radio, Praxis Dr Drangsal (Consultation musicale avec Docteur Drangsal). Le jeune homme collabore avec Casper, numéro 1 en Allemagne à plusieurs reprises, Leslie Clio, jury de la sélection nationale en 2015 et Tokio Hotel. Au printemps dernier, il produit Zores, un nouvel album bien accueilli par la presse spécialisée et classé douzième des charts outre-Rhin. Sa tournée allemande, Zores Tour, débute le 24 octobre.

Dix coups de fouet pour la NRD…

Drangsal pique au vif la NRD : selon ses déclarations, il reproche au diffuseur allemand de le voir comme « une épine dans l’oeil » du jury d’experts. En tant qu’artiste indépendant et esprit libre, il pense par lui-même et souhaitait apporter ses propres idées. Que sa performance ait été monumentale, est pour lui une évidence. Ces propos ont déclenché une avalanche de mots-dièse sur le compte Instagram d’Eurovision Deutschland. Ses fans, qui apprécient sa musique, ont commenté sa sortie et ont suivi son hastag funéraire. Néanmoins, nos confrères d’Eurovision.de n’en ont pas fait cas.

« Faîtes savoir une dernière fois @eurovision_de, comment vous jugez ce faux pas et merci du fond du coeur pour votre soutien. Honte à toi, l’Allemagne et ose quelque chose à l’avenir ! Ps : Je ne suis pas faché mais seulement déçu. Lol ! Pps : Nous n’avons pas été annulés, nous l’avons demandé expressément. Ppps : #DRANGSAL4ESC2019 ne mourra jamais ! »

(Déclarations de Drangsal, Instagram, le 4 octobre 2018)

Cette élimination est-elle une perte pour la sélection allemande ? Funeste disparition. Que sa candidature repose en paix au paradis des sollicitations, dans l’attente d’une hypothétique résurrection l’an prochain. Viel Glück, Dr Drangsal ! Bonne continuation, Docteur Drangsal !