En novembre dernier, nous présentions les onze participants de l’ABU Song Festival. Voici comme chaque année, la revue substantielle du gala le plus regardé d’Asie. Sa huitième édition, ses meilleurs moments. Passez le torii, porte traditionnelle japonaise vers le monde divin : celui de la musique !

Huitième édition !

Le 19 novembre dernier, des milliers de spectateurs se sont rassemblés au NHK Hall de Tokyo, à l’occasion du Festival TV ABU. L’organisation était confiée à la télévision japonaise dans le cadre de la 56ème assemblée de l’Asian Broadcasting Union. Le gala était présenté par Shingo Murakami et Yuki Sugiura (ci-dessous). Shingo est membre du groupe Kanjani8 et Yuki, présentatrice sur la NHK. La direction orchestrale était assurée par le chef d’orchestre et compositeur, Joe Hisaichi, secondé par l’Orchestre philarmonique de la capitale.

L’événement est généralement retransmis dans plus d’une vingtaine de pays, en Asie et dans le Pacifique. La version télévisée est non compétitive à l’inverse de la version radiophonique. Elle promeut des artistes nationaux sur cette grande scène internationale. Les chansons proposées doivent refléter l’équilibre géographique et la pluralité culturelle du continent asiatique. Cet objectif était encore atteint en 2019. Personnellement, l’une des meilleures éditions depuis sa création en 2012 : une programmation de qualité, contemporaine et délectable. Un cru à voix, talentueux et riche en piano !

Une programmation d’exception…

Dix nations étaient réunies sur scène. C’est six de moins, qu’en 2018. La plus faible adhésion depuis la naissance du festival. La participation était moindre mais le niveau élevé. Contrairement à l’année précédente, l’Afghanistan, le Turkménistan (pays hôte en 2018), la Russie, le Kyrgyzstan, le Bénin, les Maldives et l’Ouzbékistan n’étaient pas présents. L’Australie, qui ne participait plus depuis 2014, faisait son retour.

  • AUSTRALIE – Dan Sultan – Cul-de-sac
  • CHINE – Na Ying – Silence
  • HONG KONG – Kay Tse – Reposing Beside You
  • INDE – A. R. Rhaman – Mausan et Escape / Jai Ho !
  • INDONESIE – Hanin Dhiya – Berkawan Denga Rindu
  • JAPON – Hey ! Say ! JUMP – Fanfare / Come On A My House / Ue Muite Aruko
  • KAZAKHSTAN – Dimash Kudaibergen – SOS d’un terrien en détresse
  • COREE DU SUD – TWICE – Feel Special
  • MACAO – Adelino da Silva – Leave Again
  • TURQUIE – Mustafa Sandal – Aya Benzer
  • VIETNAM – Hoàng Thùy Ling – De Mi Noi Cho Ma Nghe

Entracte musical – Foorin – Paprika

Vous pouvez (re)voir l’intégralité des onze participations, en cliquant ici.

1 sélection, 5 prestations…

Voici une sélection des performances les plus marquantes. Elle n’engage que notre opinion, ainsi que nos goûts très subjectifs. Si les vôtres sont dissemblables, exprimez-les en commentaires. Dilemme presque cornélien devant tant de maîtrise. Avec regret, nous avons choisi les uns et renoncé aux autres. Nous retenons tout de même, deux prestations de plus que l’an passé.

AUSTRALIE – Dan Sultan – Cul-de-sac

Dan Sultan est l’un des artistes australiens les plus doués de sa génération. Un talent simplement résumé : une présence, une interprétation, une voix. D’après nous, il signe l’un des meilleurs moments. De ceux, que nous aimerions qu’ils soient sans fin. De ceux, qui stopperaient les aiguilles d’une montre. En 2017, le chanteur rock publie Cul-de-sac, extrait de son album Killer. Le morceau est une balade aux beats modernes et électro. Dan livre ici, un arrangement plus intimiste piano-violons : une version puissante, touchante, qui cueille au passage. La scénographie est sobre. Son texte, poétique, romantique, orchestral : Dans cet endroit, les lumières ne brillent pas. Dans le noir, une seule étincelle peut brûler. La première shōji s’ouvre sur notre premier coup de cœur.

Sortez vos parapluies ! de l’or en cascade et de l’émotion, comme s’ils en pleuvaient…

MACAO – Adelino Da Silva – Leave Again (Repartir)

Pause ouatée, sponsorisée par Lotus (les petits mouchoirs) ! Macao aurait pu servir un chanteur niaiseux sur un plateau poussiéreux de l’époque Ming, absolument pas. Voilà un artiste plein d’avenir et multirécompensé. Adelino offre une ballade au piano, légère et sans prétention. Pour une contribution macanaise, Leave Again sonne occidentale. L’interprétation est sincère, le talent indéniable. Certains, seront touchés. D’autres, trouveront qu’Adelino enfonce les portes ouvertes des bons sentiments. Peu importe, l’émotion est communicative. L.A prend des couleurs de nouveau départ. Proposition plaisante à écouter. Deuxième crush musical de la soirée.

De toutes les matières, c’est la ouate qu’on préfère…

TURQUIE – Mustafa Sandal – Aya Benzer (Lunaire)

Nous montons le chauffage de dix degrés et nous arpentons les allées du Grand Bazar ! La Turquie sort à fond le décorum : de magnifiques lampes mosaïques qui virevoltent au gré du Meltem. Mustafa Sandal est le chanteur de charme par définition : un sourire, un rythme, un mouvement de bras à l’oryantal. Musti pour les intimes, a tout pour plaire ! Le public tokyoïte ne s’y trompe pas. Aya Benzer est dans la pure tradition, de la pop turque à son apogée : dansant, orientalisant, dépaysant. Un titre qui donne des envies de baklavas mielleux sur le front de mer de Karaköy. Le genre aborde l’Amour comme fréquemment : le cœur de Mustafa ressemble à la lune qui gravite autour de son astre. Triste destinée interprétée par Musti !

Qu’est-ce que vous allez faire avec dix paires de babouches et trois vestes en nubuck, sérieusement ?

KAZAKHSTAN – Dimash Kudaibergen – SOS d’un terrien en détresse

Alerte bris de glace ! Alors oui, déjà entendu. Néanmoins, nous sommes à chaque fois captivés par les capacités vocales et les gammes de Dimash Kudaibergen. Celles qui hérissent les poils des plus imberbes, celles qui donnent le frisson aux plus impassibles. Nul besoin de s’attarder davantage : de la performance, de la prouesse, du charisme. Le chanteur kazakh fournit à l’envolée, sa version inaltérable de SOS d’un terrien en détresse. Une chanson écrite et composée en 1978, par Luc Plamondon et Michel Berger pour Starmania. Depuis, reprise par de nombreux artistes francophones et internationaux. La démonstration d’un français toujours prisé hors de nos frontières. Voix cristalline, poursuite lumineuse, orage de grêle font de cette œuvre, un instant suspendu pour toujours !

Un impact de deux euros ? Carglass répare, Carglass remplace !

COREE DU SUD – Twice – Feel Special (se sentir spécial)

Petites robes noires H&M et bottes montantes Eram. En cette période de crise, il faudrait être folles pour dépenser plus ! Twice est composé de neufs membres. Après de multiples albums et trophées, le girls band connait un succès grandissant. Il devient l’un des groupes féminins préférés d’Asie. Le collectif présente Feel Special : un morceau K-pop, cadencé et entraînant, avec une pointe de hip-hop. Elles expliquent que, parce qu’elles se sentent aimées, elles se sentent très spéciales. A cent lieues des grands écrivains, mais ce n’est pas ce qu’on attend de FS. Le salut est robotique à en faire peur. La chorégraphie, millimétrée. Twice offre un tableau « Saturday Night in Seoul ». A vous de juger !

Pour un épanouissement maximal : être adoré, admiré et remonter la rue commerçante avec trois sacs à la main !

La prochaine édition se déroulera au Vietnam. Hanoï devrait l’accueillir pour la deuxième fois. En 2013, la télévision vietnamienne avait déjà reçu l’événement dans la capitale. VTV a été désignée comme diffuseur hôte de la 57ème assemblée de l’ABU. Par conséquent, elle aura la tâche d’organiser le festival cette année. En parallèle, l’organisme de radiodiffusion prépare un nouveau projet pour 2020. Nous ferons part de ses avancées. En attendant, rendez-vous dans « la ville entre les fleuves » pour le neuvième ABU Song Festival…

Crédits photographiques et vidéos – NHK, KBS, ABU, @yasususu